Des centaines de manifestants se sont rassémblés Sidi Bouzid ou Tunis (comme ici devant l'hôpital Ariana où est mort Mohamed Brahmi), pour manifester contre le parti Ennahda au pouvoir, qu'ils estiment responsables de l'assassinat ce jeudi d'un dirigeant de l'opposition, Mohamed Brahmi.
Des centaines de Tunisiens se sont rassemblés jeudi à Tunis et dans la région de Sidi Bouzid pour dénoncer l'assassinat du député d'opposition Mohamed Brahmi. Les manifestants accusent sans ambages le parti islamiste Ennahda au pouvoir.
Dans la capitale, la police a tiré des gaz lacrymogènes vendredi soir pour disperser des dizaines de manifestants rassemblés devant le ministère de l'Intérieur pour reclamer la chute du gouvernement.
Ce vendredi, la contestation prendra aussi la forme d'une grève générale. La principale centrale syndicale tunisienne (UGTT) y appelle dans tout le pays pour lutter «contre le terrorisme, la violence et les meurtres» après ce «crime odieux». La centrale syndicale a annoncé également «l'organisation de funérailles nationales pour le martyr».
Tunisair et sa filiale Tunisair Express «informent leur aimable clientèle que tous les vols programmés de et vers la Tunisie, la journée du vendredi 26 juillet, sont annulés». Dans un communiqué publié vendredi soir, ces compagnies présentent des excuses à leurs passagers et les invitent à replanifier leurs vols «sans frais supplémentaire».
«Ghannouchi assassin»
«La Tunisie est libre, les frères dégagent», scandent-ils à Tunis en référence au lien d'Ennahda avec la confrérie des Frères musulmans en Egypte. Ils ont laissé éclaté leur colère contre le chef du parti d'Ennahda, Rached Ghannouchi en criant : «Ghannouchi assassin» ou encore «Ennahda doit tomber aujourd'hui, l'Assemblée constituante doit être dissoute».
Aussitôt la nouvelle de l'assassinat connue les manifestants en colère avaient commencé à se rassembler sur l'avenue Habib-Bourguiba, dans le centre de la capitale. Après une accalmie à l'heure de la rupture du jeûne du ramadan la manifestation a repris et un dispositif sécuritaire important a été déployé dans Tunis.
La police est intervenue lorsque les manifestants ont bloqué l'avenue centrale Habib Bourguiba et installé une tente pour un sit-in nocturne devant le ministère, en criant «A bas le parti des frères, à bas les tortionnaires du peuple», en référence aux liens étroits entre le parti islamiste Ennahda au pouvoir et les Frères musulmans en Egypte.
«Les commanditaires de ce crime ont choisi le jour où les Tunisiens fêtent la République pour perpétrer un deuxième assassinat politique», après la révolution, confiait un manifestant. «C'est un complot contre le pays et le gouvernement en assume la responsabilité par l'absence de vigilance», renchérissait un autre. «Pourquoi ce coup de poignard durant le ramadan ? Quelle message veut-on nous transmettre ?», s'interroge une femme en pleurs.
Un local du parti Ennahda incendié
Dans le même temps, des manifestations ont éclaté à Sidi Bouzid, ville natale de Mohamed Brahmi, où des centaines de personnes ont laissé éclaté leur colère contre le chef du parti d'Ennahda. «A bas le parti des Frères musulmans à bas les tortionnaires du peuple», scandaient les manifestants qui ont envahi le siège du gouvernorat et incendié des bureaux, selon un journaliste de l'AFP.
Dans la même région, des milliers de personnes ont envahi les rues de Menzel Bouzaiene, avant de mettre le feu au siège local du parti Ennahda. Selon un membre d'un comité de jeunes encadrant les protestations, des jeunes de Sidi Bouzid (centre-ouest), ville natale du défunt, de Sfax et de Gafsa (sud) sont en route vers Tunis pour rejoindre ce mouvement et réclamer la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC).