A l’accélération du calendrier parlementaire annoncée dans la foulée du vote du texte au Sénat, vendredi, les opposants au mariage homosexuel entendent répondre par une intensification, voire une radicalisation, de leurs actions. Cette tactique a été adoptée dès le week-end dernier, en témoignent plusieurs dizaines d’interpellations, et des opérations sauvages sont promises pour l’intensifier cette semaine et au moins jusqu’au vote solennel du projet de loi à l’Assemblée prévu mardi prochain, le 23 avril.

Soixante-sept opposants placés en garde à vue après avoir été interpellés vers 1 heure, hier matin, devant l’Assemblée nationale, où ils s’apprêtaient à installer des tentes, ont tous été remis en liberté dans l’après-midi. Ces manifestants de l’organisation Camping pour tous, proche du mouvement radical Printemps français, adepte des actions coups de poing, sont entendus pour « non-dispersion après sommation », passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Ils voulaient dénoncer l’agression violente, samedi à l’aube, à Paris, d’un jeune militant UMP connu pour son engagement contre le mariage homosexuel. Pour sa part, la police affirme que l’agression n’a aucun lien avec ses activités militantes.

Le gouvernement veut ainsi montrer sa fermeté après les opérations spectaculaires de ces derniers jours. Samedi, les opposants s’en sont pris à la journaliste promariage homosexuel Caroline Fourest, perturbant à Nantes un débat qu’elle animait, bloquant son TGV et l’attendant à son retour à Paris, où 27 d’entre eux avaient été interpellés. Dimanche, 56 autres ont été arrêtés aux abords du Sénat et 19 autres près de la Salle Pleyel à Paris, où le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, assistait à un concert. D’autres sont allés crier sous les fenêtres d’une ministre et d’un député favorables au projet à Bordeaux et à Nantes.

Frigide Barjot, tête de file des opposants, a reconnu que « c’est parti dans tous les sens ce week-end ». « Les gens sont exaspérés. Nous appelons à des manifestations bruyantes mais non violentes », a-t-elle assuré, dénonçant à nouveau le « hold-up » du vote du Sénat. « Le gouvernement accélère, on accélère. » Et d’appeler à une série d’actions : des rassemblements à partir d’aujourd’hui tous les soirs, près de l’Assemblée nationale, puis trois manifestations nationales (21 avril, 5 mai, en même temps que celle de Jean-Luc Mélenchon, et 26 mai).

D’autres mouvances appellent à des « comités d’accueil » pour perturber les déplacements de ministres, auxquels ne se joint pas toujours La Manif pour tous. « On n’est pas forcément d’accord avec tout ce qui se fait, mais certains sont surmobilisés parce qu’ils ont le sentiment d’avoir été profondément méprisés », explique l’entourage de Frigide Barjot. « C’est sûr, il va y avoir pleins de trucs, souvent organisés au dernier moment », confirme Béatrice Bourges, la porte-parole du Printemps français. Sur Twitter, @huonsles invite à différents accueils de ministres : Cécile Duflot, Manuel Valls, Arnaud Montebourg ou Michel Sapin sont leurs prochaines cibles.